Dès son arrivée sur le marché, la cigarette électronique a créé une « bulle » économique qui a vu s’ouvrir des centaines de boutiques spécialisées en un temps record. Aujourd’hui, elle a su convaincre 1,5 millions de consommateurs réguliers, sur 16,5 millions de fumeurs en France. Mais les agences de santé, elles, hésitent. Quelle est la réalité des effets de l’e-cigarette sur la santé ? Est-elle recommandée pour arrêter de fumer ?
Fumer, c’est bon pour les fumistes !
Fumeur ou non, nous avons tous suivi le feuilleton de la cigarette électronique et de ses effets sur la santé. Les épisodes en étaient souvent passionnants, quoi que les rebondissements parfois exagérés. Successivement, l’e-cigarette était la solution miracle pour arrêter de fumer, puis devenait à son tour un problème de santé publique, avant d’être clairement montrée du doigt.
Tandis que ces messieurs-dames de la politique et des autorités européennes de la santé s’envoyaient à la figure plus de noms d’oiseaux que de ronds de fumée, les entrepreneurs ont eu vite fait de transformer la mode en business : les boutiques d’e-cigarette ont fleuri un peu partout, avec plus de zèle encore que les agences bancaires et immobilières.
La tendance, toutefois, est en net recul. En 2015, le marché ralentit et de nombreuses boutiques ont mis la clé sous la porte aussi vite qu’elles l’avaient ouverte (la porte). Face à la multiplication des vendeurs bas de gamme, la vente en grandes quantités (via le grossiste Eleaf ou le commerce en ligne) a explosé, expliquant que l’activité ne diminue pas, bien que les magasins ferment.
Il est plus que temps de faire le point sur la cigarette électronique et ses effets sur la santé : peut-elle permettre à des fumeurs de stopper leur consommation ? Quels sont les risques pour les vapoteurs ? Un constat que nous nous proposons de réaliser en 5 questions.
La cigarette électronique est moins dangereuse pour la santé ?
Oui ! La vapeur de la cigarette électronique ne contient pas les mêmes agents toxiques que la cigarette traditionnelle :
- Pas de monoxyde de carbone (agent responsable des maladies cardiovasculaires)
- Pas de goudron
- Pas d’hydrocarbures cancérigènes (responsables des cancers liés au tabagisme)
De fait, même si l’on retrouve parfois des traces de substances cancérigènes dans les produits utilisés pour l’e-cigarette, substances qui sont des impuretés propres à la nicotine extraite du tabac, elles existent dans des concentrations assez faibles pour ne pas être considérées comme dangereuses.
En réalité, vapoter n’a qu’un seul effet nocif : cela peut irriter les muqueuses de l’arbre respiratoire et donner une sensation désagréable d’assèchement de la gorge.
Vapoter coûte-t-il moins cher que fumer ?
Oui ! Passer de la cigarette à l’e-cigarette engendre une économie substantielle, et c’est d’autant plus vrai que le prix du tabac ne cesse d’augmenter en raison de la sévérité grandissante des politiques de santé publique.
Concrètement, un flacon de 10 ml de liquide pour cigarette électronique représente l’équivalent d’une centaine de cigarettes, donc de 5 ou de 6 paquets. Un paquet coûte désormais entre 6,5 et 7€.
Le coût de l’e-cigarette se décompose comme suit :
- Un kit de départ (entre 20 et 40€ en moyenne)
- Un flacon de liquide (entre 5,5 et 6,5€ par flacon)
Le calcul est simple : une fois le kit en sa possession, chaque flacon coûte en moyenne le même prix que 5 ou 6 paquets de cigarettes. De quoi mettre de l’argent de côté pour partir en vacances ou faire plaisir à ses proches, sans pour autant modifier brutalement ses habitudes.
La fumée du vapotage est-elle à risques ?
Non ! Le « vapoteur passif » ne risque rien. Une cigarette électronique ne produit pas de fumée mais de la vapeur d’eau qui disparaît, en moins d’une minute, à 95%, soit 100 fois plus vite que la fumée du tabac. Elle diffuse seulement des parfums qui peuvent ne pas convenir à tout le monde.
Pour autant, et par respect pour autrui, mieux vaut ne pas vapoter dans les lieux publics. Évitez de sortir votre e-cigarette au cinéma, dans les transports en commun ou au bureau.
La cigarette électronique réduit-elle l’addiction ?
Oui ! Pour les neurologues, c’est très clair : la nicotine seule ne rend pas dépendant de la cigarette. Ce qui lie inexorablement un fumeur à sa fumette, ce sont les autres composants toxiques que les fabricants adjoignent à leurs cigarettes, et qui n’existent pas dans le e-liquide.
Ainsi, la nicotine peut être présente en petites quantités dans le produit utilisé par la cigarette électronique. Les autres composants reproduisent les sensations appelées de leurs vœux par les fumeurs : le ressenti en gorge, la réponse au manque et le geste sont reproduits de telle sorte que le cerveau peine à faire la différence avec une cigarette classique.
Permet-elle d’arrêter de fumer ?
Oui ! Car le taux de nicotine contenu dans le liquide peut être diminué progressivement, jusqu’à disparition complète. Selon des études, 70% des fumeurs qui stoppent leur consommation sont passés par l’e-cigarette. Et désormais, les pneumologues militent en sa faveur (à lire dans cet article) car ils en perçoivent tous les bienfaits auprès des gros fumeurs.
Cependant, la cigarette électronique doit rester une phase de transition vers l’arrêt définitif. La Haute Autorité de Santé ayant du mal à se prononcer définitivement, elle a trouvé une position alternative : sans recommander le vapotage, elle préconise aux médecins de ne pas décourager leurs patients dès lors qu’il s’agit d’une transition vers un arrêt complet du tabac.
En conclusion, le seul inconvénient véritable de l’e-cigarette ne concerne pas la santé, mais la vie sociale. En effet, un vapoteur ne peut plus prétexter de demander du feu pour draguer la voisine. Il va falloir trouver d’autres méthodes !