Depuis qu’elle existe, la photographie sert à garder une trace d’un instant « I ». Les avancées technologiques n’ont eu de cesse de développer la qualité, la rapidité de prise de vue, les options proposées, l’allègement des appareils. Au fil du temps, le numérique a atteint la place de leader mais il semble que l’argentique fasse son grand retour. Lumière sur ce phénomène.
Zoom sur les techniques de photographie : argentique contre numérique
On entend souvent les défenseurs de l’argentique contre le numérique s’égosiller sur les qualités exceptionnelles de la photographie traditionnelle par rapport à la photographie numérique. Certes, le numérique ne cesse de gagner en netteté, mais la recherche de la reproduction parfaite de la vie réelle est-elle suffisante pour faire de la photographie ?
La querelle entre les deux techniques est parfois utilisée pour opposer les photographes professionnels et amateurs. Mais la réalité n’est pas aussi simple, car si les grands photographes du XXe siècle ont surgi à une époque où le numérique n’existait pas encore (Robert Doisneau, Helen Levitt, etc.), les artistes modernes ont très souvent appris à jouer avec les deux possibilités : c’est par exemple le cas du brésilien Sebastiao Salgado.
Comment fonctionne un appareil photo argentique ?
Pour faire une photographie avec la technologie argentique, on a recours à un processus photochimique. On utilise une émulsion de gélatine et de sels d’argent couchée sur une pellicule qu’on expose à la lumière avant de la développer et de la tirer sur papier. Très simplement, la photographie argentique est la reproduction analogue de ce qui est photographié.
Les négatifs, diapositives et tirages sont conservés avec beaucoup de précaution à l’abri de la lumière et dans des conditions stables (température et d’humidité). Les négatifs et les épreuves en couleurs sont plus sensibles à la chaleur, du coup ils se dégradent plus vite que le noir et blanc.
Le point fort de la photo argentique demeure la capacité à capter le mouvement, c’est à dire la dynamique.
Comment fonctionne un appareil photo numérique ?
Pour faire une photographie avec la technologie numérique on utilise un capteur qui enregistre les images sous la forme d’un code binaire. Ce capteur est composé de photosites qui produisent des décharges électriques en fonction de la quantité de lumière et forment les pixels.
La qualité de la photo dépend de la bonne adéquation entre le capteur, la partie optique et le traitement électronique de l’image via la technologie de l’appareil.
Argentique contre numérique : les effets pervers de la technologie
Trop de qualité tue la qualité
Les appareils photos numériques se développent sans cesse pour être toujours plus fidèle à la réalité. Les lentilles sont de plus en plus performantes et le nombre de pixels continue son ascension exponentielle.
Les appareils numériques rivalisent d’ingéniosité pour reproduire des effets dus à la pellicule qui donnait un grain particulier à la photographie ou rendait des couleurs hautement fidèles à ce qui était photographié. D’ailleurs, le cinéma a rencontré les mêmes problèmes de texture et de couleur lors de son passage de la pellicule au tout numérique.
Contrairement aux idées reçues, il arrive que la définition d’une image obtenue à l’aide d’une plaque photographique peut être nettement supérieure à celle des meilleurs appareils photographiques numériques.
Les photographies restent dans un dossier d’ordinateur
Traditionnellement, faire développer ses photos permettait d’en profiter pleinement. On se réunissait pour les regarder, on les ressortait au coin du feu pour se remémorer les bons souvenirs ou on les encadrait. Cette pratique s’est largement perdue et les industriels ont tenté de trouver la parade en proposant des cadres numériques et l’impression de photos à la maison.
La qualité des photos imprimées n’est pas au rendez-vous
Bien souvent, les photos numériques tirées par impression ne donnent pas un résultat satisfaisant.
Petit rappel des déconvenues :
- Il manque de l’encre et les couleurs n’ont rien à voir avec l’image
- Le papier photo bave
- L’orientation est mauvaise et l’impression est ratée
- Le format est trop petit et n’a pas de marges
Le moyen le plus sûr d’obtenir de belles photos reste de les faire « développer » en boutique qui utilisent à présent la fixation de la couleur par des bains argentiques. Attention cependant à effectuer un tri au préalable au risque vous retrouver avec une note supérieure à 100 euros pour vos photos de voyage !
Fait regrettable, les centaines de photos de vacances restent souvent dans un dossier, et ne sont plus regardées, annulant un objectif de la photo qui est d’offrir un accès direct aux souvenirs.
Et si on ne savait plus photographier ?
Grâce aux cartes mémoires, on a le sentiment que le nombre de photographies est illimité. Dans l’opposition de l’argentique contre le numérique, il est évident que le choix du sujet, la réflexion sur l’angle, sur la lumière et l’exposition n’est plus ce qu’elle était. Pire encore, on ne regarde plus avec les yeux mais bien souvent à travers un Smartphone. Dans le combat argentique contre numérique, le processus de la prise de vue de l’instant présent a largement été remis en cause. Peut-on être un bon photographe pour autant ?
Le numérique connaît ses défauts et ses qualités, c’est pourquoi il ne rechigne pas à chercher dans l’argentique ce qui peut le faire adopter par tous les amoureux de la photographie.