Le courage des Sherpas est légendaire. Leur nom est associé dans le monde entier aux métiers de la montagne, mais avant d’être des porteurs d’altitude, ils sont un peuple bouddhiste de l’Himalaya qui existait bien avant l’arrivée des premiers alpinistes occidentaux.
Pendant longtemps, la conquête des hauts sommets n’était pas une préoccupation pour eux. Aujourd’hui, tous les travailleurs d’altitude ne sont pas issus de cette ethnie. Ils sont donc appelés un peu vite Sherpas.
Les Sherpas, un peuple des montagnes
En tibétain, Sherpa signifie « ceux qui viennent de l’Est » ; « Shar » voulant dire « Est » et « pa », « peuple ». Il y a environ 500 ans, les Sharpas (ou Sherpas) ont quitté l’Est du Tibet pour s’établir au pied du mont Everest. D’après un recensement datant de 2001, ils sont plus de 150 000. Il existe une vingtaine de clans, dont les Punassa, les Lhuraka, les Paldorjee, les Nawa, les Chappa, etc. Ils vivent en altitude, entre 2 600 et 4 400 mètres.
Leurs conditions d’existence sont très rudes. Ils habitent dans des régions où il n’y a pas de routes, seulement des sentiers, où les marchandises sont acheminées à dos d’animaux ou d’hommes.
Traditionnellement, ils vivent du commerce, de la culture de l’orge, du blé, du sarrasin et de la pomme de terre, mais aussi de l’élevage du yack ; un gros ruminant à poils longs de l’Himalaya. Ils l’élèvent pour sa laine, sa peau, son lait et sa chair. Mais la consommation de viande est souvent un luxe que les Sherpas ne peuvent pas se permettre.
Longtemps, leur alimentation de base a consisté dans une purée dense, la tsampa, préparée avec de l’orge grillée et du thé salé, parfois enrichie de beure de yack. Aujourd’hui, ils lui ont préféré la pomme de terre. Avec l’orge et le sarrasin, ils préparent des chapati, une galette cuite à la poêle, également consommée en Inde.
Les Sherpas et le business de la montagne
Il n’y a pas de castes chez les Sherpas, mais ils n’ont pas tous le même niveau de vie. Certains sont devenus riches en ouvrant des agences de trekking ou des auberges sur les chemins de randonnées.
Les expéditions alpines sur les hauts sommets ont ouvert la voie à un commerce fleurissant, mais qui n’a pas profité à tout le monde. Certains Sherpas se sont formés et sont devenus des guides de haute montagne qui accompagnent les alpinistes occidentaux sur le toit du monde. Ils équipent les voies, montent le matériel, installent les échelles… Ceux-là gagnent entre 3 000 et 6 000 euros par saison. C’est un salaire énorme, l’équivalent de deux ans de salaire d’un professeur à Katmandou.
Les Sherpas qui transportent les marchandises de village en village (des charges allant jusqu’à 120 kilogrammess) demeurent pauvres.
Toutefois, ce travail à plus de 8 000 mètres d’altitude est extrêmement périlleux, et l’argent que les guides locaux gagnent semble insignifiant par rapport à la manne financière que représente l’exploitation de l’ascension de l’Everest. Pour une expédition sur le plus haut sommet du monde, un touriste doit débourser près de 50 000 euros, dont 18 000 sont reversés à l’État tibétain pour l’autorisation d’ascension. Le reste profite aux agences occidentales et népalaises. Ce sont les Sherpas qui gagnent le moins dans l’affaire.
Le 18 avril dernier, seize d’entre eux ont été emportés par une chute de sérac, alors qu’ils équipaient en cordes fixes et échelles métalliques la cascade de glace du glacier Khumbu, un passage obligé et très dangereux pour gravir l’Everest.
Après ce dramatique accident, leurs collègues se sont mis en grève pour dénoncer leurs conditions de travail. Ils ne réclament pas une augmentation, mais la mise en place d’une assurance qui permette de couvrir leur famille en cas de besoin.
Ils ont donc décidé de ne plus grimper cette année, au désespoir des alpinistes occidentaux qui ont déboursé une petite fortune pour être là. La tension est extrême sur le toit du monde en ce moment.