Qui n’a pas entendu parler ou constaté un changement de statut des geeks, comme le montre le documentaire « La revanche des Geeks » de Jean-Baptiste Péretié ? En effet, jusque dans les années 2000, les geeks étaient des premiers de la classe qui n’avaient aucune confiance en eux et passaient leur temps à bidouiller et à créer des machines inutiles. Hier humiliés et au plus bas de leur côte de popularité, les geeks dominent aujourd’hui les États et le monde. Qui sont-ils vraiment ? Quel est leur leitmotiv ? Ont-ils créé un État parallèle à l’Etat-nation, et cet état est-il aux antipodes de l’État de droit?
Qu’est-ce qu’un hacker ?
Un hacker désigne un individu passionné par le fonctionnement interne des systèmes et des réseaux informatiques. Les hackers sont perçus par les États et les entreprises comme des voleurs, des usurpateurs, voire des terroristes, en d’autres termes, des criminels au regard des lois étatiques. Mais qui sont ces dits criminels ?
- Des anarchistes : Les hackers violent l’autorité, une autorité unique coercitive puisqu’ils contestent qu’une organisation ait le pouvoir sur une autre ou sur des individus. Sont-ils des anarchistes conscients ou sont-ils, au contraire, des anarchistes qui s’ignorent ? Mais un anarchiste qui s’ignore est-il un anarchiste ? Non.
- Des enfants prodigues : Pour certains hackers, le web est un vaste terrain de jeu pour adultes. Ils s’amusent à braver les interdits fixés.
- Des collectivistes sans la démocratie : Ils mettent en commun les richesses pour les distribuer équitablement, mais les prises de décision ne sont pas démocratiques.
- Des progressistes : leur slogan est « la culture pour tous ».
- Des voleurs : ils volent des applications, des informations, de l’argent et des œuvres à qui en possède.
En réalité, définir les hackers implique une prise de position, soit dans le système, soit hors du système. Ainsi, pour un pro-système, un hacker est un Capitaine Crochet, alors que c’est un Robin des Bois du point de vue hors système.
Hacktiviste, mafieux, ou terroriste ?
Certains hacktivistes volent aux riches, qui sont les industries culturelles, pour donner aux pauvres, les internautes. Autrement dit, ils permettent à tous les internautes un égal accès à la culture et créent une véritable société du partage. Agissent-ils en vertu du principe d’équité, ou est-ce un jeu dont la règle est de défier une autorité quelconque ?
D’autres hackers, considérés comme des mafieux, volent les richesses d’autrui pour satisfaire leurs besoins personnels et ceux de leur petit groupe de privilégiés.
Enfin, les hackers sont considérés comme des terroristes dès lors qu’ils violent les lois d’un Etat. Mais le web ne constitue-t-il pas d’ores et déjà un État qui se superpose à l’État-nation ? Dans ce cas, la désignation comme « terroriste » est vide de sens. Certains hackers ont même piraté les systèmes informatiques d’autres pays sur demande d’un gouvernement, ils sont appelés les hackeurs d’état.
De nouveau, définir le leitmotiv d’un hacker est impossible pour deux raisons. D’une part, les hackers –qui commettent des actes aux conséquences publiques – agissent dans la sphère privée, si ce n’est dans l’ombre. D’autre part, tout dépend du point de vue que l’on adopte.