Big Eyes, c’est le film événement de Tim Burton, tiré de l’histoire vraie de Margaret Keane, une artiste peintre américaine dont les œuvres énigmatiques ont déclenchées une véritable révolution dans le monde de l’art des années 1960. On reconnaît ses œuvres d’art entre mille, sa caractéristique, les yeux de ses personnages étonnamment grands comme pour y faire passer un millier d’émotions, Margaret Keane est une artiste mondialement connue mais il n’en a pas toujours été ainsi.
Avant Big Eyes, l’histoire de la véritable Margaret Keane
À la fin des années 1950, Margaret Hawkins, fraîchement divorcée de son premier mari, arrive à San Francisco où elle tente de vendre ses tableaux. C’est alors qu’elle rencontre Walter Keane, séduisant jeune peintre. Il devient rapidement son second époux, la jeune mère célibataire voit dans ce mariage un moyen d’assurer sa survie et de garder sa fille auprès d’elle étant la victime des menaces de son ex-mari réclamant la garde.
Le cœur du problème est là, Margaret est une femme et en tant que telle, elle ne peut pas prétendre à gagner sa vie seule, selon les mœurs de l’époque. Idem sur le marché de l’art, personne ne veut des tableaux d’une femme peintre. Profitant de ce constat, son mari Walter Keane, artiste à ses heures perdues mais agent immobilier le reste du temps, va se lancer dans la carrière de peintre escroc en vendant les tableaux de sa femme comme étant les siens. Très vite, le succès des tableaux est tel que ses « grands yeux » deviennent célèbres et fragilise l’accord tacite passé entre les époux Keane les menant au divorce.
Margaret finira par faire éclater la vérité en 1970, entrainant, 16 ans plus tard, un procès retentissant sur fond de scandale et d’escroquerie. Cette dernière peindra au tribunal devant le juge pour prouver qu’elle est bien l’auteur de l’intégralité des tableaux vendus par son mari qui ne cessera toute sa vie de nier les faits jusque dans ses mémoires en 1983. Il décède en 2000 tandis que Margaret remariée, vit au Nord de la Californie et continue de peindre à près de 87 ans.
Focus sur la peinture de Margaret Keane
Dessinant depuis son enfance, Margaret étudie l’art au Watkins Art Institute où la signature de ses « grands yeux » commence à apparaître dans ses tableaux. L’artiste a toujours été fascinée par les yeux qu’elle considère comme les fenêtres de l’âme, les dessinant sans cesse. C’est donc tout naturellement que les yeux sont devenus l’élément le plus important de ses portraits – un peu comme si toutes les oeuvres de Leonard de Vinci affichaient le mystérieux sourire de la Joconde.
Selon son mari, les « grands yeux » sont inspirés des enfants errants dans les rues qu’il a vu en Europe à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Margaret confiera plus tard que ce sont ses propres sentiments qu’elle peint dans les yeux de ces enfants, s’ils sont si grands, c’est en partie parce qu’elle trouve que les enfants ont de grands yeux. Lorsqu’elle peint un portrait, dit-elle en interview, les yeux sont la partie du corps la plus expressive si bien qu’ils deviennent de plus en plus gros.
Durant son mariage avec Walter Keane, Margaret était contrainte par son mari de peindre 16 heures par jour. Avec les centaines de tableaux de sa femme, il gagna des millions de dollars. Après leur divorce, l’artiste continua quelques temps à peindre pour son mari et lui envoya 30 peintures depuis sa résidence à Hawaï.
Le deuxième biopic de Tim Burton
Délaissant son univers fantastique, Tim Burton (archétype du réalisateur talentueux) signe son second biopic avec Big Eyes, un film qui retrace la vie de Margaret Keane, de son éveil artistique à la révélation de la plus célèbre imposture de l’histoire de l’art. Passionné de longue date par le travail de Margaret Keane à laquelle il a commandé un tableau de sa petite amie de l’époque dans les années 1990, le réalisateur a ce projet en tête depuis des années. On retrouve malgré tout le côté fantastique de Burton avec les « grands yeux » que l’héroïne voit sans cesse tout au long du film.
Salué par la critique, le film est bluffant de réalisme, la véritable Margaret Keane a elle-même déclaré qu’elle avait été sous le choc pendant plusieurs jours après l’avoir vu tant il lui rappelait ce qu’elle avait vécu. Peu de d’ajout fictif, à noter le personnage de Dee-Ann, l’amie de Margaret, créé de toute pièce pour incarner la femme moderne qui émerge dans les années 1960 et pousse l’artiste dans la bonne direction. Encensée par Margaret Keane en personne, Amy Adams y livre une interprétation toute en finesse et il n’en fallait pas moins pour camper ce personnage complexe dont la part de responsabilité dans l’escroquerie de son mari reste mystérieuse.
En résumé, 4 bonnes raisons de voir ou revoir Big Eyes :
- Pour l’histoire extraordinaire de Margaret Keane
- Pour l’interprétation en or d’Amy Adams
- Pour voir un Tim Burton sans Johnny Depp
- Pour regarder un film qui plaira à toute la famille
Si tout cela ne vous a pas convaincu de voir le film, jetez un coup d’œil sur la bande annonce !