À la fois musique, chant et danse, le séga est un art du spectacle emblématique de la communauté créole, pratiqué lors d’événements familiaux ou, en toute occasion, dans les lieux publics. C’est la forme musicale et chorégraphique la plus répandue dans les îles de l’Océan indien.
Le séga, c’est plus fort que toi
Il est surtout pratiqué à l’île Maurice et à la Réunion, mais on le rencontre également à Rodrigues, aux Seychelles et dans quelques petites îles (Agaléga, Saint-Brandon…).
Suivant les endroits, le séga se décline selon des variantes locales. À Maurice, on parle de « séga tipik » ou de « séga Rivière noire ». Aux Seychelles, il porte le nom de « séga tremblé » ou « moutia ». Et à La Réunion, « séga » et « maloya » s’avèrent extrêmement proches.
Un art qui se danse et qui se chante
Le terme générique « séga » regroupe une famille de musiques avec paroles en créole et de danses traditionnelles pratiquées dans l’espace géographique de l’Océan indien.
La danse s’exécute en bougeant les hanches et les mains au rythme des percussions, et en effectuant des petits pas de manière à tourner autour des autres danseurs en formations variées. Dans l’idéal, les pieds ne se lèvent pas du sol, rappel des origines du séga qui se dansait sur le sable, empêchant les pas sophistiqués.
La musique mélange des sonorités africaines, des accents de salsa latino-américaine et une pincée de calypso des Caraïbes. Le rythme des mélodies augmente progressivement, entraînant les danseurs. Et le soliste récite, ou improvise, des paroles traditionnellement en langue créole.
Les origines du séga
Le séga est né à La Réunion, la première des Mascareignes à être devenue française. La Compagnie des Indes orientales y développa une économie basée sur les plantations de cafés, faisant venir à tour de bras des esclaves déportés du continent africain.
C’est au sein de cette communauté sociale constituée par les esclaves des plantations que surgit une première forme du séga, au XVIIIe siècle. Cette forme primitive associait déjà les trois éléments constitutifs de ce style musical : musique particulière, danse originale et usage du créole.
L’extension du séga à d’autres îles de l’Océan indien s’explique par la domination progressive de la Compagnie des Indes orientales sur cette portion du globe. Maurice, puis Rodrigues, enfin les Seychelles passèrent sous domination française, et la Compagnie y établit des populations venues de La Réunion.
Toutes ces communautés partageaient ainsi les mêmes horizons culturels ; et sur chacune de ces îles, le séga s’est développé à sa façon, mais sans jamais oublier qu’il fait partie d’un ensemble culturel plus vaste.
Le séga tipik de l’île Maurice
Tout comme son équivalent à La Réunion, aussi appelé maloya, le séga est une expression musicale et chorégraphique typique de l’identité mauricienne. Il favorise l’intégration sociale, met en valeur le multiculturalisme de la société mauricienne et rompt les barrières de classe érigées par la société.
Le séga ne s’apprend pas dans les écoles : il est transmis au sein des familles, des parents aux enfants. Néanmoins, pour répondre à la demande importante des touristes, des organismes proposent maintenant des cours de séga.
Cependant, la chorégraphie véritable, composée par les pieds et les jambes mais venue du fond du corps et du cœur, ne s’apprend réellement qu’en participant auprès des chanteurs et danseurs.
En 2014, l’Unesco a inscrit le séga mauricien sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.
Le séga est aussi un art du texte
Cette inscription au patrimoine mondial a mis en lumière une tradition héritée des horreurs de l’esclavage et de la traite humaine, un sujet qui occupe toujours les textes composés par les chanteurs de séga.
Leurs chansons parlent d’amour, de traditions familiales ou des difficultés apportées par le quotidien – tandis que les chorégraphies cherchent souvent à illustrer ces paroles.
Les représentants les plus fameux du séga mauricien se nomment Ti Frère, aveugle, pauvre et humble, mais auteur de grands classiques de la musique de l’île, et sacré « Roi du séga » en 1964 ; Serge Lebrasse, qui se produit encore à soixante ans passés ; ou bien le groupe Cassiya, pourvoyeur d’une musique enjouée et entraînante.
À vous, désormais, de vous laisser emporter par le rythme radieux du séga, par sa musicalité exotique et sa danse créolisée, pour que cette tradition continue de vivre au-delà des océans et au-delà des siècles.