Les personnages de bande dessinée sont très vite sortis de leurs cases. Il y a d’abord eu les produits dérivés (jouets, figurines, posters, jeux de société, costumes) puis les adaptations sur petit écran ou en jeux vidéo. Indépendamment de la qualité de toutes ces adaptations et déclinaisons, ce qui prime et ordonne cette démarche, c’est la volonté de dynamiser une franchise. Soit parce qu’elle pourrait sombrer dans l’oubli ou fonctionner à perte, soit parce qu’il est impératif de capitaliser sur son succès. Le duo Boule & Bill , un classique de la bande dessinée signé Roba, entre dans cette dernière catégorie.
La création d’un monument du monde de la BD
C’est en 1959 qu’apparaissent nos deux héros : on suit Boule, écolier farceur et naïf, et Bill, son cocker, dans une succession de gags. Le principe est simple mais efficace : une planche, une blague, un rire. La formule fera les riches heures de l’hebdomadaire emblématique des éditions Dupuis : « Spirou ». Après être passée, en 1988, aux éditions Dargaud, la série comptera 27 volumes écrits et dessinés par Roba.
Cette forte présence en librairie, avec une parution annuelle et une refonte régulière des collections, conjuguée à une prépublication dans un magazine pour la jeunesse, va marquer les esprits : tout le monde sait qu’un « Boule & Bill » sera présent sur les rayonnages. Cette empreinte visuelle, que chacun a en tête, est accentuée par le fait que les planches de Roba servent de support éducatif aux manuels scolaires.
Le développement d’une véritable franchise « Boule & Bill »
En parallèle, Dupuis puis Dargaud vont multiplier les anthologies, œuvres collectives et séries dérivées, sans grand succès mais avec ce goût du risque qui caractérise les grandes maisons d’édition. Il faudra attendre la retraite de Roba, en 2003, pour que la série soit reprise par de plus jeunes auteurs : Laurent Verron saura reproduire le trait et l’esprit particuliers du maître.
Pour ne pas tout miser sur la bande dessinée papier, la BD « Boule & Bill » est devenue une véritable franchise qui a su transférer sur d’autres médias son univers graphique, d’abord sous la forme de dessins animés. En 1975, puis en 2004, une centaine d’épisodes de format court ont ainsi été diffusés à la télévision. En 2008, un jeu vidéo de bien mauvaise facture a été développé pour Nintendo. En février 2013, enfin, sort un film live intitulé Boule & Bill qui rencontre un franc succès, porté par Marina Fois et Franck Dubosc.
Cette multiplication de projets sert finalement de publicité aux supports papiers : en même temps qu’elle garantit de nouveaux lecteurs, elle redonne envie à d’anciens fans de se procurer les nouvelles collections sorties dans le commerce.
Qu’est-ce qui attend Boule et Bill après le cinéma ?
Mais actuellement, alors que l’incursion dans le cinéma a été un échec et que l’univers graphique de « Boule & Bill » ne permet décidément pas de retenter une expérience vidéoludique de qualité, comment s’organise la « marque Boule & Bill » pour ne pas sombrer ? Alors que les albums continuent de sortir régulièrement (un volume tous les deux ans), une nouvelle série d’animation est en préparation.
Il faut savoir aussi que les rééditions et reproductions d’anciens volumes occupent activement les éditions Dargaud. Mais surtout, la série a su s’adapter aux nouvelles formes de communication et de partage : une page Facebook, suivie par plus de 70.000 personnes de tout âge, est consacrée à la série et offre régulièrement des dessins inédits qui entrent en résonance avec l’actualité.
Cette façon de fonctionner spécifique à « Boule & Bill » s’avère finalement payante : au classement 2013 des ventes de bande dessinée, le tome 34 intitulé « Un amour de cocker » s’est écoulé à plus de 74.000 exemplaires. Preuve s’il en est que le succès est toujours au rendez-vous et que les 60 ans de la série sont attendus de pied ferme par l’éditeur.