Le loup a mauvaise réputation en France. Aujourd’hui encore, il n’est pas souhaité, alors qu’il réapparaît sur le territoire national, après en avoir complètement disparu. Le dernier loup avait été abattu en 1937 dans le Limousin, mais depuis 1992, il revient sur la pointe des pattes. Le 22 avril dernier, un spécimen a été identifié, dans le département de la Meuse, à 250 kilomètres de Paris.
La cohabitation entre le loup et l’homme a toujours été difficile, en tout temps et en tout lieu. Même en Espagne et en Italie, où il n’a jamais été éradiqué, sa présence crée des tensions avec les éleveurs. L’animal qui vient d’être observé dans la Meuse a été photographié par un appareil automatique de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), après plusieurs attaques de troupeaux dans la région – plus précisément au Nord de Bar-le-Duc.
Le loup étend son territoire en France
Le loup est réapparu dans l’Hexagone par les Alpes au début des années 90 depuis l’Italie. Il est désormais présent dans le Jura, Les Vosges, les Pyrénées et semble s’étendre vers le Nord et l’Ouest du territoire. En 2008, le nombre d’individus est estimé à 150.
De nos jours, il est protégé par plusieurs conventions internationales et les plaintes d’éleveurs, là où le canidé est signalé, se multiplient. Pas sûr que la filière ovine se réjouisse du retour de ce prédateur en France, même s’il est un vrai plus pour la biodiversité.
L’angoisse qu’il suscite est bien réelle. Et ça ne date pas d’aujourd’hui. Le loup a toujours provoqué de nombreux fantasmes. Dans les contes et légendes par exemple, où il est souvent décrit comme une bête malfaisante. Diabolisé, les attaques de loup sur l’homme répertoriées sont pourtant extrêmement rares.
C’est sa présence dans les zones d’élevages qui pose problème. Le loup est un «carnivore opportuniste». Un loup adulte consomme entre 2 et 4 kg de viande par jour. Ses proies sont généralement les cerfs, les chevreuils, les chamois, les sangliers, ou des espèces plus petites comme les lièvres et les rongeurs. Mais il arrive aussi qu’il s’en prenne au bétail domestique, notamment les petits ruminants comme le mouton.
Le retour des loups entraînera-t-il le retour des bergers ?
Le nombre d’attaques sur les troupeaux augmentent proportionnellement à l’expansion géographique du loup. Près de Bar-le-Duc, où il a été récemment observé, treize attaques sur des ovins lui sont imputées depuis le début de l’année. D’après la préfecture du département, une trentaine de brebis et de moutons a déjà été tués, ce qui représente un manque à gagner de 5 000 euros pour les éleveurs touchés.
Aujourd’hui, les troupeaux ne sont plus gardés par des bergers comme c’était le cas autrefois, ce qui rend le bétail particulièrement vulnérable. Le retour de cet animal sauvage sur le territoire national contraint les éleveurs à mettre en place des mesures de protection.
Les trois principales mesures sont le gardiennage, le regroupement nocturne des animaux dans des enclos et l’utilisation de chiens de protection. Ce bouleversement des pratiques pastorales a un coût financier pour les exploitants, le ministère de l’Agriculture et l’Union européenne. La tension est donc palpable chez les éleveurs. Pour eux, ces mesures de protection ne sont qu’une solution temporaire et insuffisante. Les plus pessimistes annoncent déjà la mort de la filière ovine en France.
Le préfecture de la Marne indique que, le 31 janvier 2014, le cadavre d’un loup mâle adulte tué par balle a été découvert par un chasseur sur le domaine de la commune de Coole, non loin de Châlons-en-Champagne. Il n’est pas établi s’il s’agit d’un coup de feu volontaire ou accidentel. Le braconnage du loup est puni d’un an de prison et de 15 000 euros d’amende.