C’était inimaginable il y a trois ans, mais il est désormais possible de voyager en Birmanie. Le pays, dirigé pendant des décennies par des dictatures militaires, a longtemps été considéré comme un des États les plus fermés au monde. Il s’est petit à petit ouvert aux étrangers dans les années 90, et un revirement politique inattendu a accéléré les choses. Depuis 2011, de nombreux touristes visitent le pays, malgré l’agitation sociale qui y règne encore.
La Birmanie vit en vase clos depuis les années soixante. Elle acquiert son indépendance vis-à-vis du Royaume-uni en 1948, mais en 1962, elle tombe sous le joug d’une dictature militaire marxiste. Pendant 26 ans, le pays est dirigé d’une main de fer par le général Ne Win. Il est renversé en 1988 par un mouvement de protestation populaire, mais aussitôt remplacé par d’autres généraux qui tiennent le pays jusqu’en 2011. La junte militaire, dissoute cette année-là, met en place un pouvoir civil qui, contre toute attente, décide d’ouvrir le pays.
La Birmanie est-elle gouvernée par les astrologues ?
Auparavant, pas grand-chose ne filtre de cette région cadenassée, à part le nom d’Aung San Suu Kyi. Cette opposante politique est la fille du général Aung San qui a joué un rôle majeur dans la conquête de l’indépendance birmane après la Seconde Guerre mondiale. En 1990, lors d’élections libres organisées par la junte, son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (NLD), remporte 80% des suffrages. Mais les résultats des élections sont annulés par les militaires et Aung San Suu Kyi est assignée à résidence jusqu’à très récemment. Elle reçoit pour son engagement démocratique le prix de Nobel de la paix en 1991.
Un film de Luc Besson intitulé The Lady lui est consacré en 2011. Il raconte sa rencontre avec un sympathisant américain qui prend le risque de la rejoindre dans son lieu de détention, mais aussi les plans qu’échafaudent les militaires pour se débarrasser d’elle. On voit un général consulter une astrologue pour y parvenir. Les croyances ésotériques sont récurrentes chez les despotes qui se sont succédés en Birmanie. Les événements de 1988 qui ont mené à la destitution du général Ne Win auraient été déclenchés par son intention de mettre en circulation de nouveaux billets de banque qui ne portent que des montants multiples de neuf, son chiffre porte-bonheur. Il aurait suivi le conseil d’une astrologue pour prendre cette décision.
Tout ceci peut faire un peu peur, mais ça n’a pas empêché 365 000 touristes de s’y aventurer en 2011 – et d’en revenir ! Il est vrai que ce n’est pas la destination à choisir si on veut des vacances réglées comme du papier à musique. Par contre, si on aime un tant soit peu sortir des sentiers battus, c’est la destination idéale. La Birmanie est encore préservée du tourisme de masse. Il est pourtant déconseillé de partir avec son sac à dos sans rien réserver.
La richesse de la culture birmane
En effet, à cause de sa situation politique, le pays a peu d’infrastructures touristiques. Depuis l’ouverture des frontières, les hôtels sont saturés et le tarif des chambres a explosé. Il est donc plus prudent de réserver avant de partir. D’une manière générale, les prix sont plus élevés que dans les autres pays d’Asie du Sud-Est, comme la Thaïlande.
Autre inconvénient, il n’y a pas de distributeurs de billets. Il faut donc arriver sur place avec un grosse somme d’argent. Des dollars, s’il vous plaît, c’est la seule devise qui soit acceptée pour le change en Kyat, la monnaie locale. Mais attention, tout billet plié ou froissé est systématiquement refusé – c’est un détail, mais ça peut compromettre les vacances. Il faut aussi s’accommoder du fait de ne pas avoir de réseau de téléphonie mobile ou de connexion wifi, mais à part ça, la Birmanie est très riche culturellement.
Majoritairement bouddhiste, elle possède de magnifiques pagodes. Celle de Shwedagon, située à Rangoon, est un des principaux lieu saint. Le pays compte aussi des sites époustouflants, comme Bagan, dans le centre, qui rassemble 2 000 temples construits entre le XIe et le XIIe siècle. Les Birmans sont réputés pour leur gentillesse. Mais sera-t-il encore possible d’aller les rencontrer dans dix ans ? La politique, en Birmanie, c’est comme la météo, c’est imprévisible.