Après les générations X et Y, voici les « Z ». Non pas « Z » comme zombies, quoique ses représentants forment déjà une puissante armée. Plutôt « Z » comme la fin de quelque chose, l’horizon d’un grand basculement avant une génération complètement nouvelle, qui sera née et aura baigné dès son éveil dans un monde globalisé et « internetisé ». Qui sont donc les « Z » ?
Génération Z comme « zéniale » !
C’est une histoire de générations. Les « X » sont nés dans les années 60 et 70, et ont dû composer avec la fin des Trente Glorieuses. Les « Y » ont incarné le questionnement systématique, façon rébellion douce – le Y, en anglais, se prononce comme l’adverbe interrogatif « why ? » : « pourquoi ? ».
La génération Z, elle, ne se questionne plus, elle s’impose : c’est celle du « pourquoi pas ! ». Elle n’accepte plus le refus comme marque d’autorité, et le « non » qui vient de la hiérarchie (professionnelle ou parentale) est toujours une réponse modulable qu’il leur revient de transformer en « oui ».
Ils sont nés après la chute de l’Union soviétique et pendant le développement du Web. Le monde de leurs prédécesseurs n’existe plus : ni la Guerre froide, ni les idéologies. Ils ont grandi dans des démocraties ou prennent les choses en main pour diriger leur pays vers « le pire des systèmes à l’exception de tous les autres », comme disait Churchill. Voyez les printemps arabes.
Des jeunes TIC et toc
Sur un blog qui leur est dédié, les enfants de la génération Z sont intimement liés aux TIC, les techniques de l’information et de la communication. Il est vrai qu’étant nés à l’aube des années 90 ou au-delà, ils n’ont connu le monde qu’avec Internet, les ordinateurs et les téléphones portables.
Pour eux, la PlayStation est une console rétro et le Minitel n’a jamais existé qu’au musée des Arts et métiers, où ils se rendent pour observer les traces d’un monde ancien. Faire un trajet en voiture avec une carte sur les genoux ? Inimaginable. À croire que l’on a pu se passer de GPS à un moment donné de l’Histoire !
Pour eux, Internet est plus qu’un outil : c’est leur univers. C’est là qu’ils échangent et qu’ils expérimentent. C’est là qu’ils entretiennent leurs relations sociales et leur rapport à la culture (Netflix est leur Canal + à eux). Ils sont en apprentissage permanent via Google et Wikipédia. Ils prennent ainsi le risque de développer un savoir quelque peu en toc, mais tellement vaste que le détail n’a plus d’importance.
La génération Z : un ensemble de marques
Les enfants de la génération Z semblent a priori moins sociabilisés et plus nerds, mais en vérité ils expriment leur individualité dans le collectif, étant présents sur les réseaux sociaux dès leur plus jeune âge. Portraitisés dans des avatars numériques, ils sont devenus leur propre marque et gèrent sur le web leur capacité d’influence, en images, en GIFs ou en vidéos. Ils sont :
- Débrouillards
- Pragmatiques
- Autodidactes
- Entrepreneurs
- Mobiles
Le monde professionnel s’interroge sur leur arrivée dans la sphère du travail. Ils ont, en effet, d’autres envies et d’autres besoins que leurs aînés. Ils refusent de travailler au même rythme et veulent laisser de la place à leur vie privée et à leurs loisirs. La hiérarchie, les ordres, tout cela les fait fuir : pour eux, on travaille ensemble, et non l’un sous la direction de l’autre.
Le web a modifié leurs manières de travailler, de voyager, d’apprendre et de consommer. Michel Serres nous avertit dans Petite Poucette : nous sommes en train de perdre, car notre monde glisse doucement mais sûrement vers le leur. Le psychologue Olivier Houdé renchérit : il va nous falloir adapter nos modes d’apprentissage à cette génération qui a gagné en aptitudes cérébrales et en automatismes.
Comment reconnaître la génération Z ?
C’est simple : ses représentants se voient devenir les rois du monde dans une moins d’une décennie – et mieux encore, ils sont persuadés d’y parvenir seuls, sans l’aide de personne. Nés dans un contexte de crise, éduqués dans des démocraties qui leur répètent qu’il n’y a plus de travail, ni de saisons, et que le réchauffement climatique les balaiera peut-être, ils n’ont plus rien à perdre.
Alors, ils bidouillent, fouinent, cliquent comme s’ils avaient les doigts et l’imagination en feu. Ils puisent leur inspiration chez Mark Zuckerberg mais pour s’en distinguer aussi vite : The Social Network, c’était bien en 2010, mais chaque année le monde gagne un siècle de progrès. Si on n’est pas une star du web à 15 ans, on a raté sa vie.
Ils comprennent bien les règles de notre système économique et social, mais ils les trouvent obsolètes et sont persuadés que les fondations créées par l’ancienne génération ne résisteront plus bien longtemps. C’est en ayant les codes et les clés du système qu’on peut le faire s’écrouler de l’intérieur.
En somme, la génération Z dans notre monde actuel, c’est comme vouloir faire fonctionner le jeu GTA V en haute définition sur un PC qui tournerait encore sur Windows 98. Ou comme d’essayer de regarder un Blu-ray sur un téléviseur à écran cathodique. Il y a incompatibilité : le logiciel est trop puissant pour le système qui voudrait l’intégrer.
Après le Z ?
En réalité, le critère essentiel pour reconnaître un enfant de la génération Z, c’est sa jeunesse. Et ce sera le cas pour un bon moment encore… Jusqu’à ce que la génération Z grandisse et laisse la place à la génération suivante.
Mais que peut-il y avoir après le Z ? On arrive à court de lettre. Les « Z », on les appelle aussi « génération Alpha », parce qu’ils sont déjà installés dans une nouvelle temporalité du rapport de l’homme à la machine. En fait, les « Z » sont déjà les « A », sauf qu’on n’a pas vu venir ce glissement. Regardez bien ces jeunes gens qui vous entourent : ils sont déjà le futur.