En France, en 2006, on estimait le nombre de ménages en situation de précarité énergétique à entre 4 et 5 millions. Malheureusement, avec l’augmentation du coût de la vie et des évolutions successives du prix des énergies (+ 3.9% pour le gaz dès le 1er octobre 2014), le bilan est désormais plus lourd, à la fois en termes financiers, sanitaires, et sociaux.
Un point sur la définition
La précarité énergétique c’est l’incapacité d’une personne (ou d’un foyer) a pouvoir chauffer son logement à un coût acceptable selon ses revenus. Selon l’ADEME, la part du budget énergie de 20 % des ménages pauvre est 2.5 fois supérieure à celle consacrée par les plus riches. Plus concrètement, on estime que la situation est atteinte quand les dépenses pour se chauffer dépassent les 10 % des revenus.
Le bien-être chez soi, le confort, et le fait de pouvoir se chauffer correctement est bel et bien une histoire d’argent. La principale cause serait l’isolation thermique très médiocre qui ne permettrait pas de vivre dans des conditions satisfaisantes. En effet, un manque d’étanchéité des ouvertures ou du toit entraîne des difficultés à chauffer correctement un espace de vie : le froid entre, et le chaud s’échappe.
Pourquoi la facture des plus pauvres est-elle élevée ? La faute au mauvais état des équipements de chauffage et du système de production d’eau chaude.
Résultat des courses, les ménages les plus pauvres se privent, et les conséquences sur la santé sont bien réelles.
La santé (mentale et physique) mise à mal par la précarité énergétique
Quand la température est trop froide par rapport à ce qu’elle devrait être, on voit apparaître tout un tas de symptômes :
- Une fatigue chronique : le corps dépense de l’énergie pour se maintenir à la bonne température
- Un développement des douleurs articulaires
- Des réactions vasomotrices (éternuement, goutte au nez) qui favorisent la transmission de bactéries
- Des allergies ou maladies respiratoires due au logement insalubre (humidité, moisissures, etc.)
En plus d’un sentiment d’inconfort constant relatif à la sensation de froid, les effets négatifs sur la santé sont bien réels, sans parler des conséquences sanitaires et sociales.
Les autres conséquences
Le froid entraîne bien d’autres choses : l’incapacité à bien faire sécher son linge, à rester propre, à avoir une vie sociale épanouie. En réalité, un état de précarité énergétique peut entraîner une véritable désocialisation. La personne a honte de l’endroit où elle vit – dans la mesure où il se dégrade, autant que de ses conditions de vie bien qu’elle n’en soit pas responsable, ce qui entraîne l’installation progressif d’un isolement.
Quand une personne décide de lutter contre la précarité énergétique, elle mobilise des budgets initialement prévus pour d’autres dépenses comme les médecins. L’exemple le plus emblématique est le renoncement aux soins dentaires, ayant pour conséquence un mauvais état de santé bucco-dentaire et le nom remplacement de dents arrachées par des implants ou des appareils.
L’apparence devient alors un véritable marqueur social signifiant la situation financière de la personne en question. Le budget nourriture peut lui aussi être amputé ayant pour conséquence la réduction de l’achat de viande ou de poisson ainsi que des produits de bonne qualité au profit de denrées industrielles bon marché.
Dans certains cas, les ménages peuvent aussi choisir de contracter des prêts, ce qui entraîne une aggravation de leur situation financière, notamment avec le gouffre que constituent les intérêts bancaires.
Heureusement, les centres communaux d’actions sociales (CCAS) sont là pour aider les ménages à régler les factures énergétiques impayées, et ils sont de plus en plus nombreux (voir la source). Du côté des propriétaires, les aides pour améliorer son habitat comme « Habiter Mieux » ne concernent qu’un petit nombre de foyers, faute d’éligibilité. Pour plus d’informations, nous vous recommandons la lecture de cet article sur l’ANAH.