On connaît le Vietnam pour son histoire durant la Guerre froide, mais on ignore que c’est un pays qui compte un grand nombre d’ethnies différentes. Le gouvernement vietnamien reconnaît officiellement cinquante-quatre minorités. Parmi elles, il y a les Hmongs qui vivent dans les montagnes du Nord, tout près de la frontière chinoise. C’est un peuple de montagnards descendus du Sud de la Chine au fil des siècles.
Un peuple attaché à son mode de vie
Il faut quitter Hanoï et prendre la route embouteillée qui mène à Sapa, une petite ville d’altitude, pour les rencontrer. On les reconnaît tout de suite, surtout les femmes, parce qu’elles portent des costumes traditionnels très colorés et richement brodés. On les remarque également parce que les Hmongs ont un mode de fonctionnement très communautaire et se mélangent très peu avec l’ethnie majoritaire, les Viets.
Après la Seconde Guerre mondiale, les Hmongs se rallièrent à la France pour ne pas tomber sous la tutelle communiste. Pour ce peuple, attaché à ses traditions séculaires et depuis toujours politiquement structuré par un système clanique, une société collectiviste est une malédiction.
L’armée française les employa pour leur efficacité à se déplacer en milieu hostile. Durant les années soixante, une partie des Hmongs du Laos est recrutée par la CIA pour participer à une guerre secrète contre les Nord-Vietnamiens. La guerre perdue, ils sont abandonnés à leur sort par les Occidentaux. Les représailles envers eux, considérés comme des traîtres, ont été nombreuses.
Beaucoup de Hmongs émigrèrent pour fuir les persécutions, notamment aux États-Unis. Dans le film américain « Gran Torino », signé Clint Eastwood, on voit un ancien GI veuf et raciste se prendre d’affection pour ses voisins, une famille asiatique aux rites étranges. Ce sont des membres de la diaspora hmong. En France, leur nombre est estimé à près de 10 000, dont une grande partie se trouve dans la région parisienne et près de Nîmes. La Guyane française est également une terre d’accueil.
Un artisanat très riche
Au Vietnam, les Hmongs vivent essentiellement de la culture du riz, de la cueillette et, plus récemment, de la vente de leur artisanat aux touristes. Leurs villages sont très sobres. Les maisons sont construites en bois sur de la terre battue. Il n’y a pas l’eau courante à l’intérieur.
Généralement, on y trouve une grande pièce où se réunit la famille, puis, dans un coin, un feu creusé dans le sol pour faire la cuisine, dans un autre, les couchages. Une mezzanine servant à stocker le riz surplombe la pièce. Il y a toujours une forte odeur de fumée qui imprègne l’air.
Il existe différentes tribus qui se distinguent grâce à la couleur de leurs costumes. On peut rencontrer des Hmongs verts, rouges, noirs ou fleuris. Les femmes de la tribu des Hmongs noirs confectionnent elles-mêmes leurs vêtements selon une méthode ancestrale.
Elles tissent le chanvre sur de vieux métiers à tisser et le teignent ensuite avec des fleurs d’indigo, un pigment naturel, dans de grands bains bouillants. Du coup, elles ont toujours les mains colorées de bleu et les jours de pluie, leurs tuniques déteignent sur leurs épaules et leur dos. C’est pour cette raison qu’on les appelle Hmongs noirs.