A 73 ans, le maître japonais des films d’animation – Hayao Miyazaki – vient d’annoncer sa retraite : porteur de nombreuses récompenses, notamment son oscar pour Le voyage de Chihiro en 2003, il signe un dernier long-métrage, baptisé Le vent se lève. Un chef d’œuvre nommé aux Oscars 2014 mais qui suscite de vives polémiques…
La vie de Jiro Horikoshi
Jusqu’ici, Hayao Miyazaki avait l’habitude de nous raconter des histoires fantastiques, à l’image de Nausicaä de la vallée du vent (1984), Le château dans le ciel (1986), Kiki la petite sorcière (1989), ou encore Princesse Mononoké (1997), Ponyo sur la falaise (1998) pour n’en citer que quelques uns. Aujourd’hui, et pour la première fois, il s’inspire d’un personnage réel : le japonais Jiro Horikoshi, inventeur du chasseur bombardier Zéro, le célèbre avion qu’utilisait les Kamikazes pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Un personnage guidé par ses rêves d’enfant. Jiro Horikoshi, n’ayant pas une assez bonne vue pour devenir un aviateur, va conjurer le sort en concevant des avions. Et notamment le Mitsubishi A6M Zero, à l’origine de nombreuses victimes pendant le conflit mondial. Mais Le vent se lève ne cherche pas à retracer la guerre : il s’attache à décrire un homme aux rêves humanistes sacrifiés par la folie guerrière du Japon.
Dans son film, Hayao Miyazaki fait référence à toute une génération d’hommes et de femmes pris dans cette spirale infernale au nom de la toute-puissance impériale. A l’image de Jiro Horikoshi, qui a largement subi les évènements … sans s’y opposer, mais sans y adhérer non plus.
Les polémiques sur Le vent se lève
Le vent se lève dépeint également une partie de l’histoire du Japon au début des années 20 : le tremblement de terre de Kanto en 1923, mais aussi, la grande dépression et le basculement du pays dans le conflit mondial. L’occasion pour Hayao Miyazaki de montrer un pays à deux vitesses – l’un dépensant des sommes considérables pour redorer son armée et l’autre survivant simplement à ces frasques. Et lorsque le réalisateur s’attache à montrer les ravages engendrés par la science lorsque cette dernière est au service de la politique, ce point de vue est vivement critiqué…
Autre polémique soulevée par Le vent se lève : on lui reproche de ne pas avoir montré les dégâts associés aux Zéro de Jiro Horikoshi. Mais là n’était pas l’objet du film qui ne souhaitait ici, que s’attarder sur le personnage et non sur la guerre en elle-même. L’histoire d’un destin embarqué par l’Histoire.
Enfin, le dernier débat initié par le dernier long-métrage de Hayao Miyazaki, est au sujet des cigarettes : les personnages du film fument à tout bout de champs, entraînant une vive polémique de la part de la société japonaise pour le contrôle du tabac. Il y a même une scène qui vante les qualités du tabac allemand par rapport au japonais. Mais il s’agit pourtant d’une réalité historique : les années 30 au Japon témoignent d’une consommation excessive de cigarettes…
Tout simplement, sublime…
Au delà de toutes ces critiques et ces polémiques, Le vent se lève est à l’image des autres productions de Hayao Miyazaki. Un chef d’œuvre, qui explique pourquoi il concourt dans la catégorie « Meilleur film d’animation ». Et son talent aussi visuel que narratif ne peut que séduire : la qualité de ses paysages aux magnifiques couleurs qui côtoient les affres, plus sombres, des catastrophes naturelles telles que le tremblement de terre. Somptueux, tout simplement.
Et si on ne jure aujourd’hui que par l’animation 3D, ce film empreint de cette majesté graphique – propre à Hayao Miyazaki – témoigne de toute la force émotionnelle que peut nous réserver encore les versions en 2D.