Pour les personnes électrohypersensibles (EHS), la réponse est oui. Elles se protègent par tous les moyens des ondes émises par les bornes wifi et les téléphones portables.
L’électrohypersensibilité, une maladie peu reconnue
Patricia, une femme d’une trentaine d’années, pense être devenue électrohypersensible après avoir inhalé des colles industrielles qu’elle utilisait au travail. Les métaux lourds qu’elles contiennent et qui restent dans l’organisme accentueraient l’effet des ondes électromagnétiques sur elle. Elle se plaint régulièrement de fortes migraines qu’elle attribue à ces rayonnements.
Elle est retournée vivre chez ses parents à la campagne et dit rencontrer des difficultés professionnelles et sociales, à cause de cette hypersensibilité. Elle peine à retrouver un emploi, parce qu’elle ne peut pas rester à côté d’un ordinateur sans avoir très mal à la tête. Elle demande également systématiquement à ses amis de couper leurs portables au restaurant.
Les opérateurs du numérique parlent de peur irrationnelle, alors que les rapports scientifiques se contredisent. Les sources d’émissions d’ondes électromagnétiques ont toutefois considérablement augmenté ces dernières années, avec l’explosion du marché des portables et de l’Internet, et ce encore très récemment avec l’arrivée de la 4G.
Ces ondes sont générées par de nombreux appareils : radios, micro-ondes, téléphones sans fil et portables, systèmes Wifi, télécommandes et antennes-relais. Les lignes électriques, transformateurs ou voies ferrées émettent également de champs électromagnétiques.
Le groupe écologiste a déposé un projet de loi visant à encadrer la prolifération de ces sources. Il a été adopté jeudi 23 janvier dernier à l’Assemblée nationale. Les élus d’Europe Écologie les Verts (EELV) proposent notamment de contrôler l’installation des antennes-relais, d’interdire la publicité auprès des mineurs de moins de 14 ans pour les téléphones portables ou encore de mieux informer sur la présence de sources d’émissions. Ce texte ne devrait pas au final entraîner de limitations, à part pour quelques points sensibles, où l’exposition dépasse la moyenne nationale.
Un manque de données sur la question
En 2011, l’Organisation mondiale de la santé affirmait que les ondes électromagnétiques étaient « potentiellement cancérigènes », mais selon le dernier rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) d’octobre 2013, basé sur des centaines d’études scientifiques publiées ces dernières années, il n’y a pas de risques avérés pour la santé.
Plus précisément, elle conclut que le risque sanitaire des ondes électromagnétiques n’est pas démontré, mais que des études doivent être poursuivies dans quatre domaines particuliers : les risques de tumeur cérébrale à long terme, les troubles du sommeil, les troubles de la mémoire et les troubles de la fertilité masculine. En résumé, l’ANSES reconnaît que les ondes électromagnétiques peuvent provoquer des modifications biologiques sur le corps, mais que les études scientifiques actuelles ne prouvent pas qu’elles aient d’effets négatifs sur la santé.
Afin de limiter les risques potentiels, elle déconseille quand même l’utilisation du téléphone portable aux enfants, car ils ont un crâne plus perméable aux ondes. Elle encourage également les utilisateurs intensifs à se munir de kits mains libres ou d’oreillettes bluetooth. Ces accessoires permettraient de réduire considérablement l’exposition aux ondes émises.
Les associations anti-ondes se disent déçues par les conclusions de ce rapport. D’après elles, le public va retenir qu’il n’y a pas de danger, alors que les effets biologiques signalés sont bien réels. Le nombre de personnes électrohypersensibles représenterait 3 % de la population en France, selon ces associations. Elles militent pour la mise en place de zones blanches, où les intolérants aux ondes pourraient vivre. Dernièrement, dans le département des Hautes-Alpes, la petite commune de Saint-Julien-en-Beauchêne a annoncé vouloir devenir la première zone blanche de France, ce qui nécessiterait l’enfouissement d’une ligne électrique et d’un transformateur.
En Europe, huit pays ont adopté des réglementations plus strictes pour encadrer l’exposition aux ondes dans les lieux de vie. C’est le cas du Luxembourg, de la Belgique, de l’Italie, de la Bulgarie, de la Grèce, de la Pologne, de la Slovénie et de la Lituanie.