Au cinéma comme dans la littérature, les stéréotypes sont récurrents. Les auteurs et scénaristes utilisent des personnages lisses pour faire évoluer des personnages principaux qui eux, sont dignes d’intérêt. Si la complexité du héros élève le lecteur-spectateur, la linéarité des personnages secondaires ne participe pas à cette élévation, tant elle favorise les clichés sociaux. Le grand vainqueur du personnage sans épaisseur est une brute épaisse mal dégrossie, qui plus est simplet et un peu beauf. Pourquoi cet acharnement envers Monsieur Muscle peut-il être considéré comme un scandale ?
Le culturiste est admirable
Les compétitions et autres concours de culturisme apparaissent comme des événements marginaux dont participants et spectateurs sont tous plus abrutis les uns que les autres. A tort.
Dans un premier temps, avez-vous déjà participé à ce type d’événement ? Si non, votre manque d’expérience fausse votre jugement premier. Dans un second temps, ces compétitions, même si vous n’en comprenez pas les tenants et les aboutissants, n’en demeurent pas moins spectaculaires. En effet, assister à des prouesses physiques ne nécessite aucune réflexion, mais le caractère exceptionnel de ces prouesses vaut une certaine admiration. Oseriez-vous dire que les Anciens, parce qu’ils exaltaient la condition physique des athlètes lors des Jeux Olympiques, étaient des beaufs ?
Monsieur Muscle n’est pas moins spirituel qu’un autre
D’une part, les culturistes ont un grand contrôle sur eux-mêmes et parviennent à maîtriser les pulsions du corps. En effet, ils adoptent un régime alimentaire spécifique très contraignant et exercent une activité physique journalière dans le but de sculpter leur bel atout : le corps. Un véritable culturiste a également une hygiène de vie irréprochable. Autrement dit, il fait peu la fête, il ne mange pas gras, il se couche tôt et se lève tôt. Prenons-en de la graine, nous autres adeptes de l’apéro-saucisson.
D’autre part, le cliché selon lequel Monsieur Muscle n’aurait pas inventé le fil à couper le beurre persiste. Pourquoi un type qui passe son temps enfermé dans une salle de sport à soulever de lourdes charges et à s’empiffrer de protéines ne serait pas un Baudelaire en puissance ? La musculation n’implique pas l’absence d’une activité intellectuelle complémentaire, elle nécessite une grande concentration, et l’édification d’un noble projet, celui de dépasser les limites humaines.
Et vous ?
Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi les culturistes faisaient l’objet de virulentes critiques, notamment celle qui les affuble de « beauf » ? A ce titre, l’article intitulé « La musculation est-ce que c’est pour les beaufs ? » démontre que les bodybuildés ne sont pas moins distingués que les autres. Il y a probablement trois raisons majeures à cet acharnement :
- La première est un certain snobisme.
- La seconde réside dans un système de valeurs amenant les individus à s’imaginer une hiérarchie sociale erronée au sein de laquelle ils s’érigent en dominant.
- La troisième repose sur l’idée suivante : il faut bien un ou plusieurs boucs-émissaires à la société.
Alors, qui en a dans le ciboulot, Monsieur Muscle et ses admirateurs ou ceux qui se disent bien-pensant ?
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