Envoyer un email paraît à première vue plus écologique qu’envoyer une lettre par La Poste qui achemine le courrier par la route ou par avion. Mais si les messages électroniques sont virtuels, l’énergie qu’ils nécessitent pour être délivrés est tout à fait réelle. D’autant plus qu’ils sont envoyés en beaucoup plus grand nombre.
Internet, une infrastructure physique lourde
Internet n’est pas un flux immatériel d’informations qui relie directement les ordinateurs de la planète entre eux. Pour que des données circulent, il est nécessaire qu’elles soient stockées quelque part, comme l’est le courrier dans les centres de tri de la Poste avant d’être distribué par le facteur. Envoyer ou recevoir un email, c’est solliciter un serveur distant qui fonctionne en permanence pour faire entrer et sortir des informations. Ici, le texte et les éventuelles pièces jointes (photos, vidéos, GIFs, etc.) du message.
L’Agence de maîtrise de l’énergie (Ademe) estime que près de 500 milliards d’emails (spams inclus) ont été échangés par jour dans le monde en 2013. Il faut donc des capacités de stockage adéquates pour supporter ce volume d’échanges, sans quoi, s’il y a trop de connexions, c’est le bug. Bref, Internet est un réseau qui réclame une infrastructure informatique complexe et énergivore.
En effet, les serveurs sont eux-mêmes stockés en grand nombre dans d’immenses espaces, appelés les datacenters, et dégagent énormément de chaleur. Si ces pièces n’étaient pas climatisées, il y ferait plus de cinquante degrés, ce qui serait fatal à tous ces équipements électroniques. En plus de l’énergie nécessaire pour les alimenter, il en faut également pour les refroidir. En 2010, les datacenters ont représenté entre 1,1 et 1,5 % de la consommation électrique mondiale, et entre 1,7 et 2,2 % de la consommation aux États-Unis.
Chaque clic accompli pour afficher une page web implique plus que mon ordinateur de bureau. Et cela a impact réel sur l’environnement. Pour donner un ordre de comparaison, une requête sur un moteur de recherches dépenserait autant d’électricité qu’une heure de lumière fournie par une ampoule basse consommation. Ça représente également l’énergie nécessaire pour faire chauffer une tasse de café.
Les géants du web réduisent leur consommation
La production d’électricité s’accompagne d’émissions de carbone. Une recherche sur le web équivaut à 6 grammes de CO2 dans l’atmosphère, en plus de ce que dégage le poste sur lequel elle est effectuée. Rappelons que le dioxyde de carbone accentue l’effet de serre, et donc les changements climatiques.
Internet représente 2 à 3 % des émissions de CO2 dans le monde. C’est autant que ce que le transport aérien émet ! Les entreprises du web, sans doute pour des raisons économiques, tentent de réduire leur consommation d’électricité et de trouver des solutions alternatives.
Les bâtiments de Google dans la Silicon Valley sont par exemple recouverts de panneaux solaires. La société aurait également dans ses cartons un projet de datacenters off-shore. Ils fonctionneraient avec l’énergie produite par les vagues, l’eau de mer permettrait de tempérer les installations. De son côté, le réseau social Facebook a réduit le nombre de serveurs dont il a besoin en compilant le code php de son site en C++.
Chaque mois, 23 millions de giga-octets de données inutiles seraient téléchargés par les internautes. Ce gaspillage entraîne un sur-dimensionnement des infrastructures physiques d’Internet. À un niveau individuel, il est possible de participer à leur réduction par des gestes simples, même s’ils peuvent paraître dérisoire.
L’utilisation de photos et de vidéos allégées, lorsqu’elles sont exclusivement destinées à Internet, permet de réduire l’espace qu’elles occupent sur les serveurs. L’usage de clés USB ou de disques durs externes, pour transférer des fichiers informatiques à des personnes de son entourage, est également un moyen d’agir. Éteindre son ordinateur quand on ne l’utilise pas permet d’économiser de l’électricité.