Le Hip Hop fête ses 40 ans et a plus que jamais le vent en poupe outre-atlantique, contrairement à ce qui se passe dans l’hexagone où le RnB s’impose de plus en plus (Black M, Maître Gims). Les grands artistes du siècle précédent (Nas, Wu-Tang Clan, etc.) ont laissé place à une nouvelle génération de jeunes loups qui s’affrontent dans une concurrence toujours plus rude.
Le Rap US : de plus en plus loin
C’est pourquoi, on peut assister à une véritable surenchère dans leurs pratiques. Toujours plus d’argent. Toujours plus de voitures. Toujours plus de filles. Toujours plus de tout et n’importe quoi. On est loin de la sobriété des grands artistes qui cartonnent dans d’autres genres sans en faire des tonnes – Bono de U2, Mika ou Taylor Swift n’ont pas tout à fait les mêmes moeurs que les représentants les plus délirants du rap.
Rick Ross, qui vient de sortir son dernier album Mastermind, en est l’archétype. Parfois, ce n’est même plus de l’égotrip de gangster en herbe, comme lorsqu’il se fait tirer dessus devant un hôtel à Miami.
Une nouvelle vague pour réinventer le rap
Si ce dernier reste un gangsta rappeur pure souche, de nouveaux artistes tentent de réinventer les sonorités classiques du genre. C’est notamment le cas des artistes du label Defjam, tel que l’incroyable Pusha-T avec son dernier album King Push. Il avait déjà frappé un grand coup lors de sa collaboration avec Tyler the Creator pour le titre Trouble In My Mind. Il réitère l’exploit en créant des morceaux improbables comme Sweet Serenade avec Chris Brown qui passe beaucoup en radio.
Quant à A$ap Rocky, il nous livre une fresque psychédélique de son univers en recourant à des beats électroniques soutenus. Une technique d’ailleurs reprise par un français prometteur, qui a vécu aux Etats-Unis (tiens comme par hasard !), Joke, tout droit sorti de Montpellier. Ils s’attachent davantage à l’impact des sonorités qu’à la qualité du texte, même si les paroles provocante sont toujours là. Future, avec ses tenues improbables, est aussi de ce genre-là.
Le critère street toujours tenace
Bien entendu, les rappeurs très street avec un rap de type old-school ont toujours pignon sur rue. On peut par exemple citer le très jeune YG, qui connaît un succès incroyable avec des thèmes recyclés maintes et maintes fois. Chicago a également réussi à tirer son épingle du jeu dans ce domaine grâce au charismatique Chief Keef, qui a lancé toute une vague de jeunes rappeurs des quartiers de la ville du Nord.
Dans tous les cas, on ne peut que constater la pénétration toujours plus impressionnante de la musique hip hop dans nos sociétés. Des artistes comme Drake peuvent ainsi obtenir des featurings avec de méga-stars telle que Rihanna avec une facilité déconcertante. De plus en plus de chanteurs font appel à des chorégraphes importants pour travailler leur langage corporel. La tendance s’affirme et devrait donc se poursuivre encore de nombreuses années.
Mais se faire une place au soleil et accéder aux millions de dollars du rap est de plus en plus complexe, à cause de l’augmentation exponentielle du nombre d’artistes. Bref, réinventer le rap est obligatoire pour réussir à se démarquer ce qui devrait nous amener vers toujours plus de créativité. Le rap est ainsi entraîné à sortir de ses frontières traditionnelles et à explorer d’autres milieux. Russ l’a bien compris en se rapprochant du jazz, un retour en arrière intéressant qui mériterait d’être approfondi.