Si l’on ne peut que se réjouir de ce que « le bio » a, de fait, pris un essor considérable dans nos modes de consommation au cours des dernières années, il est toutefois de mise de s’inquiéter que notamment l’alimentation biologique – et a fortiori le marché bio – ne reste un marché de niche.
Le bio pour tous ?
Une nouvelle forme de discrimination ne risque-t-elle pas ici de naître, dans la mesure où le pouvoir d’achat reste la première donnée qui incite les consommateurs à choisir tel ou tel produit et que le bio coûte globalement plus cher au porte-monnaie (de 10% à 70% plus cher selon les produits, les marques, les lieux…) ? Ne risque-t-on pas de courir à terme vers une nouvelle génération clivée entre des riches bien nourris et des pauvres condamnés à la mal bouffe ?
Chacun d’entre nous est désormais en mesure d’accéder à une information inquiétante sur les conséquences des méthodes de la production industrielle intensive en matière de santé publique, en particulier dans le domaine agroalimentaire, mais on est encore très loin de ce que chacun d’entre nous soit en mesure de choisir une alternative.
Depuis le début de ce nouveau siècle, les grandes enseignes de la distribution se sont emparées de cet argumentaire pour proposer à leur tour une gamme de produits certifiés biologiques. Elles se sont d’ailleurs très fortement implantées sur le marché puisqu’elles représentent aujourd’hui au minimum la moitié de la vente de produits biologiques en France (70% selon les sources). Les cantines scolaires essaient également d’introduire de plus en plus de produits biologiques dans les menus, mais ces derniers restent encore très minoritaires.
Mais quels choix se présentent à nous dans notre vie quotidienne de consommateurs individuels ? Nous qui aimons nous rendre au marché pour acheter notamment nos légumes et peut-être aussi notre poisson ou notre saucisson, parce que c’est un moment de loisir, un moment d’échange, de sociabilité, d’éducation, d’information, un moment de plaisir et de plein air que de se rendre au marché, le contraire d’une corvée de supermarché…
Eh bien si l’on souhaite acheter bio au marché et que l’on habite Paris, on n’a guère d’autre choix que d’être riche et de préférence de culture « bobo ». Sans aller jusqu’au cynisme de certains (voir ici), force est de reconnaître que la proposition des trois seuls marchés bio parisiens (Raspail, Batignolles, Brancusi) ne s’adresse pas à la population dans son ensemble. On voit d’ailleurs fleurir sur ces marchés de nombreuses « attractions », préparations culinaires, mises en scène diverses qui les éloignent de leur fonction première d’approvisionnement en denrées de base.
Evidemment il y a des différences entre ces trois marchés bio de Paris et le dernier des trois reste davantage un marché qu’une vitrine, mais sans doute est-il plus sérieux d’envisager se rendre chez le maraîcher bio de son marché de proximité, on aura au moins évité de polluer d’essence le trajet depuis chez soi.
Quelles alternatives pour manger bio et frais ?
Mais plus conséquent, il y a toutes les autres initiatives existantes allant du simple panier bio déposé chez son marchand de quartier jusqu’à la participation active à une AMAP au sein de laquelle on peut se contenter de recevoir chaque semaine son panier, mais où l’on peut aussi se rendre sur place sur les terres du maraîcher, aider à la récolte, discuter ensemble des semences, amener les enfants découvrir un travail paysan un peu plus authentique que dans ses manifestations urbaines organisées pour le spectacle ou tel que l’enfant des villes peut l’apercevoir lors de visites ponctuelles, touristiques, à la campagne. Pour en savoir plus sur ces propositions alternatives au dit marché bio à Paris , cliquez ici.
Il existe désormais des AMAP aussi pour le pain, la viande, etc. et c’est une manière de ne renoncer ni au bio ni au côté social du marché bio, même si évidemment il existe au sein des AMAP une forme d’entre soi, qui n’a rien à voir avec le public d’une place parisienne sur laquelle on rêverait de voir s’installer des petits marchés bio, sur lesquels choisir soi-même le contenu de son assiette de la semaine, tout en respectant les exigences des saisons.