Depuis 2006, le logiciel Google Earth permet d’explorer virtuellement n’importe quelle région de la planète. Il a été conçu grâce à l’assemblage de photographies aériennes et satellitaires. Son moteur de recherches est un outil très utilisé pour la géolocalisation.
La société Google, en partenariat avec la Nasa, a développé depuis une nouvelle application très puissante. Elle s’appelle Timelapse. Elle fonctionne à peu près sur le même principe, sauf que cette carte interactive offre la possibilité de visualiser les mutations d’une zone géographique. Son principal intérêt est de montrer les effets des activités humaines sur l’environnement.
Un timelapse, par définition, est une animation créée image par image. Sa réalisation nécessite un travail photographique important en amont. Le projet Timelapse s’est appuyé sur les clichés du plus vieux programme d’observation de la planète, Landsat.
909 teraoctets d’images assemblées
Lancé en 1972 par la Nasa et le Centre américain de veille géologique, le programme Landsat cartographie le monde depuis 41 ans. Huit satellites en orbite à 705 km d’altitude photographient intégralement la surface du globe tous les 16 jours en haute résolution. Ça représente des millions et des millions d’octets d’informations.
Google a puisé dans ce fond colossal. Les programmeurs de la société en ont extrait deux millions d’images sans nuages, soit 909 teraoctets de données, qu’ils ont intégrées. La majorité des photos satellites exploitées n’avaient jamais été diffusées avant. Ces animations permettent de mesurer les changements de n’importe quelle partie de la planète entre 1984 et 2012, une échelle de temps jamais offerte. Le résultat est stupéfiant.
Rebecca Moore, responsable ingénierie pour le moteur Google Earth, explique sur le site du journal Le Monde que « cette carte est non seulement fascinante à explorer, mais peut nourrir la réflexion de la communauté internationale sur la façon dont nous vivons sur notre planète et les politiques qui nous guideront à l’avenir ».
Ces timelapses sont graphiquement intéressantes, mais elles démontrent surtout clairement l’impact négatif des activités humaines sur certaines régions du monde. Déforestation, fonte de glaciers, urbanisation, des animations éditées en 2013 par Google et le magazine Time sont particulièrement explicites.
Certains points chauds pour l’environnement
On mesure par exemple mieux l’ampleur de la déforestation en Amazonie. La conversion de zones boisées en champs d’agriculture représente une superficie équivalente à celle de la France. Un cinquième de la forêt d’Amazonie a disparu et le reste est menacé pour cultiver le soja et nourrir le bétail.
On constate également le recul alarmant du glacier Columbia en Alaska. Long de 51 km, il a disparu sur plusieurs dizaine de kilomètres ces trente dernières années. Des icebergs provenant de la fonte de ce glacier ont été la cause de la marée noire de l’Exxon Valdez, un pétrolier américain qui s’échoua en 1989 sur les côtes de l’Alaska.
La ville de Las Vegas dans le Nevada s’est étendue de manière spectaculaire dans le désert de Mojave. Cette urbanisation incontrôlée pose de nombreux problèmes environnementaux. La croissance démographique entraîne des besoins en eaux que le lac Mead, situé à une dizaine de kilomètres de la ville, a de plus en plus de mal à satisfaire. Un projet d’aqueduc serait à l’étude pour prélever l’eau nécessaire à 500 km au Nord.
Autre exemple d’urbanisation sauvage : Dubaï aux Émirats arabes unis. Non contente de gagner sur la terre, la ville a également gagné sur la mer. The Wolrd est un projet immobilier démesuré pour lequel des îles ont été créées à partir de sable prélevé au fond de la mer. Une archipel en forme de planisphère de 250 à 300 îlots a vu le jour pour construire des résidences de luxe. Mais le projet est actuellement abandonné en raison de la crise financière mondiale. L’érosion due aux vagues a commencé à saper les fondations des îlots déjà construits.